L'humain étranger au monde: Une anthropologie philosophique
Editions Fario
2023
Synopsis
Si l’un des gestes les plus significatifs de Günther Anders fut d’accepter de sortir du langage technique de la philosophie académique en raison de l’urgence qu’il y avait à penser et à intervenir devant la destruction à l’œuvre dans le siècle, on aurait tort d’oublier que sa conception de l’obsolescence de l’homme repose d’abord sur une tentative de discernement de ce qu’est cet humain qui n’a plus cours.
Le présent volume se présente donc comme prolégomènes et socle de ce qui deviendra la critique impitoyable de son époque, qui est aussi la nôtre.
L’anthropologie philosophique dont il est question ici, dans le sillage de Max Scheler et de Helmut Plessner est une façon d’échapper à l’analytique existentiale de Heidegger. À la différence de l’animal, immergé dans un monde qui lui est donné comme un matériau a priori, l’homme, d’abord sans monde, « libre de monde », n’accède à un monde qu’après coup, en devenant homo faber et en construisant a posteriori le monde qui lui manque.
Absolument libre, cet homme fait en même temps l’expérience d’une absence irréductible de liberté. S’il peut disposer librement de son moi, le fait d’être ce moi le dépasse. Il est irrévocablement lui-même et personne d’autre, mais cette existence en tant que moi est en même temps hautement contingente. D’où un problème d’identification avec soi.
Chez l’athée qu’est Günther Anders, l’homme ne se sauve pas de ces tentatives d’identification ratées par un saut dans la foi, à la manière de Kierkegaard, mais par un saut dans l’action. Penser l’homme comme étranger au monde, comme a posteriori, l’oblige à envisager la relation a priori du vivant au monde et à thématiser un « a priori matérial » qu’il explore à travers des objets comme l’instinct, le besoin, la veille et le sommeil.
Mais le parcours d'Anders ne s'arrêtera pas là, puisqu'il insiste finalement sur les limites d'une telle anthropologie, et remet en cause l'anthropocentrisme dont elle peut procéder. Il ne peut que constater la tension voire la dimension « schizophrénique » dont sera marqué sa pensée, entre une distance envers l' anthropocentrisme et son intérêt fervent pour une humanité parvenue au stade de la survie.
Günther Anders a jeté les fondements d'une critique de la technique dans le monde industriel, il n'aura cependant jamais cessé d'élaborer une conception de cette humanité qui allait devenir obsolète sous l'empire de sa propre création. C'est ce travail, poursuivi depuis les années trente dans le sillage d'Husserl, de Sheler et de Plessner, et dans l'opposition à Heidegger, qui est recueilli dans ce volume.
Si la dimension théorique est présente, Anders explore aussi les conséquences concrètes de ses constructions, en explorant des situations comme la honte ou le sommeil, ou des objets comme le besoin ou l'instinct. Ses premiers essais mettaient en valeur les limites d'une anthropologie, désignant l'humain comme non fixé, là où le plus souvent on lui prête une essence. Et c'est au constat d'une obsolescence de toute anthropologie philosophique que nous conviera le dernier texte de cet ouvrage.
Rebelle, voire ironique, à l'égard de l'anthropocentrisme, il doit courageusement affronter le paradoxe de tout son engagement de pensée et sans doute de vie : l'humanité est contingente, elle ne se situe pas au centre de l'univers, mais rien n'importe plus que sa survie.
Spécifications
Auteur |
Anders, Günther |
Editeur |
Editions Fario |
Année |
2023 |
Format |
In-8 |
Reliure |
broché(s) |
Volume |
1 |
Langue |
Français |
ISBN-13 |
9791091902892 |
ISBN-10 |
1091902895 |
Réf. interne |
469105 |
Commentaire |
408 pages - |
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